Informations
détaillées
Bien
que certains protocoles d’étude sur l’abémaciclib
pour divers types de tumeurs aient autorisé une radiothérapie
palliative (sauf si elle est obligatoire en raison d’une
maladie évolutive), aucune analyse n’a été
menée sur des patientes recevant de l’abémaciclib
en même temps qu’une radiothérapie palliative.1
Par conséquent, la prudence est de mise lors de
l’administration concomitante d’abémaciclib et
d’une radiothérapie palliative.
Recommandations
du protocole lors des essais MONARCH dans le CSM
Radiothérapie
La
radiothérapie n’était pas autorisée sans
l’arrêt définitif de l’abémaciclib,
sauf dans les conditions décrites ci-dessous. À
l’exception d’une patiente ayant une récidive
locorégionale du cancer du sein rendue opérable par
l’abémaciclib et qui a ensuite subi une intervention
chirurgicale + une radiothérapie, toutes les autres patientes
nécessitant une radiothérapie auraient dû cesser
définitivement la prise d’abémaciclib et avoir
une évaluation tumorale de la ou des lésions avant de
recevoir la radiothérapie.1
Avant
de recevoir l’abémaciclib, les patientes devaient avoir
arrêté tous les traitements antérieurs pour le
cancer (y compris la chimiothérapie, la radiothérapie,
l’immunothérapie, les inhibiteurs de l’aromatase,
les anti-œstrogènes, et l’hormonothérapie)
depuis au moins 21 jours pour les agents myélosuppresseurs
ou 14 jours pour les agents non myélosuppresseurs et
devaient avoir récupéré des effets aigus du
traitement (jusqu’à ce que la toxicité se résolve
au niveau enregistré à l’inclusion ou au moins à
un niveau de grade 1) sauf pour l’alopécie résiduelle
et la neuropathie périphérique.1
Radiothérapie
pour une récidive locorégionale du cancer du sein
Une
patiente atteinte d’une récidive locorégionale du
cancer du sein peut avoir subi une chirurgie ± une
radiothérapie si l’abémaciclib rend la tumeur
opérable. Cependant, une telle patiente ne doit pas avoir reçu
d’abémaciclib pendant au moins 7 jours avant la
chirurgie et jusqu’à au moins 14 jours après
la fin de la chirurgie ± radiothérapie, afin de
permettre la cicatrisation des tissus et la récupération.1
Il
n’y avait aucune restriction quant à la durée de
la période sans abémaciclib et il se peut qu’à
l’issue de cette période, l'administration d’abémaciclib
ait repris. Il est important de noter qu’une patiente ayant
subi une chirurgie ± une radiothérapie pour un cancer
du sein locorégional récidivant n’a pas été
considérée comme non conforme et n’a pas causé
de déviation au protocole.1
Radiothérapie
palliative
Les
patientes devaient avoir préalablement terminé tout
traitement par radiothérapie localisée à visée
palliative ou pour des lésions lytiques à risque de
fracture. Les traitements antérieurs devaient avoir été
arrêtés depuis au moins 2 semaines avant la
randomisation.1
Études
dans le CSM
Analyse
rétrospective de la tolérance
Une
étude monocentrique et rétrospective de la tolérance
portant sur des patientes atteintes de CSM traitées de manière
concomitante par radiothérapie palliative et par inhibiteurs
de CDK4/6 a été réalisée chez
18 patientes présentant un total de 32 localisations
traitées. Sur ces 18 patientes,
-
9 patientes
(50 %) ont été traitées par palbociclib
125 mg une fois par jour pendant 21 jours suivis de
7 jours de pause, en association avec soit du létrozole
2,5 mg par jour, soit du fulvestrant 500 mg tous les
28 jours
-
6 patientes
(33,3 %) ont été traitées par 600 mg
de ribociclib par jour du jour 1 au jour 21 tous les 28 jours,
en association avec du létrozole, et
-
3 patientes
(16,7 %) ont été traitées par 150 mg
d’abémaciclib deux fois par jour en association avec
soit 2,5 mg de létrozole par jour, soit 500 mg de
fulvestrant tous les 28 jours.2
Une
radiothérapie concomitante a été reçue
sur
-
19
localisations pathologiques chez les patientes traitées par
palbociclib
-
10
localisations pathologiques chez les patientes traitées par
ribociclib, et
-
3
localisations pathologiques chez les patientes traitées par
abémaciclib.
L’intervalle
maximal autorisé entre la dernière administration du
médicament et la radiothérapie était de
2 demi-vies.2
Les
patientes préménopausées ont également
reçu des agonistes de la LH-RH. Des réductions de la
posologie étaient autorisées à la discrétion
du prescripteur sur la base des toxicités hématologiques
et cliniques. La plupart des radiothérapies (30 sur 32) ont
été prescrites à visée symptomatique ou
palliative et ont été administrées comme prévu
sans suspensions ni réductions de dose. La majorité des
radiothérapies ont été assurées par la
technique de radiothérapie conformationnelle 3D. Toutes les
patientes ont reçu une radiothérapie sur les sites
métastatiques osseux dont
-
11
(61,1 %) à la colonne vertébrale
-
9
(50 %) au pelvis
-
4
(22,2 %) aux extrémités
-
2
(11,1 %) au sternum
-
1
(5,6 %) au crâne, et
-
1
(5,6 %) aux côtes.2
La
réponse tumorale a été déterminée
par tomodensitométrie, IRM ou par imagerie TEP au
18F-Fluoro-désoxy-glucose (FDG). L’intensité de
la douleur a été évaluée à l’aide
de l’ENV auto-évaluée du patient.2
Sur
les 12 patientes présentant des douleurs, l’ENV
médiane était de 5 (extrêmes 2-8) avant
radiothérapie et de 4 (extrêmes 0-6) au dernier jour de
la radiothérapie. Le soulagement de la douleur a été
-
total
chez 1 patiente (8,3 %)
-
partiel
chez 6 patientes (50 %), et
-
stable
chez 5 patientes (41,7 %).2
Un
mois après la radiothérapie, 15 des 18 patientes
(83,3 %) ont fait état d’un contrôle complet
de la douleur avec une ENV médiane de 0 (moyenne de 0,6 pour
les patientes précédemment symptomatiques et 0,4 pour
l’ensemble de la population). 3 et 6 mois après la
radiothérapie, 16 des 18 patientes (88,9 %)
avaient obtenu un contrôle total de la douleur et une ENV de 0.
Aucune récidive de la douleur n’a été
signalée. Le suivi médian était de 13,7 mois
(intervalle de 2 à 29 mois) et 17 patientes ont
obtenu un contrôle local de la maladie et l’ont maintenu
jusqu’à la dernière évaluation. Seule
1 patiente a présenté une récidive locale
8 mois après la radiothérapie.2
La
toxicité aiguë était limitée et représentée
principalement par des effets secondaires de grade 1 :
-
2 patientes
(11,1 %) ont souffert de maux de gorge
-
2 patientes
(11,1 %) ont souffert de nausées/vomissements
-
2 patientes
(11,1 %) ont souffert de diarrhée
-
2 patientes
(11,1 %) ont souffert de fatigue, et
-
1 patiente
(5,6 %) a souffert d’œsophagite.2
Sur
les 3 patientes traitées par abémaciclib, aucune
toxicité aiguë n’a été observée.
Les scores ENV avant radiothérapie chez les 3 patientes
traitées par abémaciclib étaient de 0, 0 et
5 tandis que les scores ENV après 1 mois de
radiothérapie étaient tous de 0.2
Une
neutropénie est apparue chez 16 patientes (88,8 %)
au cours des 3 mois suivant la radiothérapie. Elle était
de grade 3-4 chez 11 patientes (61,1 %). En raison de cette
toxicité, au cours des 3 mois suivant la radiothérapie,
l’inhibiteur de CDK4/6 a été temporairement
suspendu chez 8 des 14 patientes (57,1 %) avec des
données disponibles et la posologie a été
réduite de façon permanente chez 2 des
14 patientes (14,3 %).2
L’administration
concomitante d’une radiothérapie palliative sur des
lésions osseuses et d’inhibiteurs de CDK4/6 est possible
et est principalement caractérisée par un profil de
toxicité aiguë à long terme avec des épisodes
isolés de toxicité intestinale réversible de
haut grade. Bien qu’élevé dans cette étude,
le taux de neutropénie de grade 3 et 4 était comparable
aux taux observés avec les inhibiteurs de CDK4/6 seuls. Les
résultats ont été rapportés à la
fois en termes de soulagement de la douleur et de contrôle
local de la maladie.2
Examen
de dossiers médicaux en vrai vie
Les
dossiers médicaux de patientes atteintes de CSM RH+ et HER2-
recevant un traitement systémique par un inhibiteur de CDK4/6
qui avaient subi une radiothérapie dirigée contre les
métastases ont été examinés. La cohorte
d’étude comprenait 46 patientes qui avaient subi
62 traitements radiothérapiques palliatifs.3
Un
traitement par inhibiteur de CDK4/6 a été prescrit en
association avec un IA ou du fulvestrant. L’inhibiteur de
CDK4/6 a été administré à une dose
quotidienne médiane de
-
125 mg
de palbociclib à 30 patientes (65,2 %)
-
600 mg
de ribociclib à 15 patientes (32,6 %), et
-
200 mg
d’abémaciclib à 1 patiente (2,2 %).3
Au
début de la radiothérapie, le nombre médian de
cycles d’inhibiteur de CDK4/6 fournis était de 3
(extrêmes 1-28). Le délai médian entre le début
du traitement par inhibiteur de CDK4/6 et la radiothérapie
palliative était de 2,1 mois (intervalle 0,6-27,7).3
Un
soulagement complet ou partiel de la douleur a été
enregistré chez 24 patientes sur 30 (80 %)
6 semaines après la fin de la radiothérapie. La
réponse à la douleur a été
-
totale
chez 12 patientes (40 %)
-
partielle
chez 12 patientes (40 %) et
-
nulle
chez 6 patientes (20 %).3
Une
toxicité de grade 3 a été observée chez
46 patientes, survenant
-
avant
le début de la radiothérapie chez 6,5 % des
patientes
-
pendant
la radiothérapie chez 4,3 % des patientes
-
2 semaines
après la fin de la radiothérapie chez 15,2 % des
patientes (p=0,044) et
-
6 semaines
après la fin de la radiothérapie chez 23,9 % des
patientes (p=0,023).3
La
différence d’incidence des EI était due à
une augmentation des toxicités hématologiques, en
particulier de la neutropénie, de la diminution du nombre de
globules blancs et de l’augmentation des taux d’ASAT.3
Les
données contribuent à prouver que la radiothérapie
administrée en concomitance avec des inhibiteurs de CDK4/6 est
tolérée et génère des taux d’incidence
d’EI qui peuvent être gérés par une
planification minutieuse du traitement, en utilisant des volumes
cibles plus petits et en minimisant la dose délivrée
aux organes à risque. Aucun des facteurs liés au
traitement par radiothérapie ne semble être
significativement corrélé aux taux de toxicité
aiguë.3
Référence
1.
Data on file, Eli Lilly and Company and/or one of its subsidiaries.
2.
Guerini AE, Pedretti S, Salah E, et al. A single-center
retrospective safety analysis of cyclin-dependent kinase 4/6
inhibitors concurrent with radiation therapy in metastatic breast
cancer patients. Sci Rep. 2020;10(1):13589.
https://doi.org/10.1038/s41598-020-70430-2
3.
Ratosa I, Orazem M, Scoccimarro E, et al. Cyclin-dependent kinase
4/6 inhibitors combined with radiotherapy for patients with
metastatic breast cancer. Clin Breast Cancer.
2020;20(6):495-502. https://doi.org/10.1016/j.clbc.2020.05.013
Glossaire
ASAT =
aspartate aminotransférase
CDK = kinase
cycline-dépendante
CSM = cancer
du sein métastatique
EI = événement
indésirable
ENV = échelle
numérique verbale
FDG
= fluoro-désoxy-glucose
HER2- = récepteurs
du facteur de croissance épidermique humain 2 négatifs
IA = inhibiteur de
l’aromatase
IRM = imagerie
par résonance magnétique
LH-RH = luteinising
hormone-releasing hormone (hormone de libération de la
lutéinostimuline)
RH+ = récepteurs
hormonaux positifs
TEP = tomographie
par émission de positons