Mises
en garde spéciales et précautions liées aux
infections
Le
baricitinib (BARI) est associé à une augmentation du
taux d’infections par rapport au placebo, notamment des
infections des voies respiratoires supérieures. Dans les
études cliniques portant sur la polyarthrite rhumatoïde,
l’association avec le méthotrexate a entraîné
une augmentation de la fréquence des infections par rapport au
traitement par baricitinib en monothérapie chez les patients
naïfs de tout traitement.1
Les
risques et les bénéfices d’un traitement par
BARI doivent être pris en considération avant
l’instauration du traitement chez les patients présentant
des infections actives, chroniques ou récurrentes.1
En
cas de survenue d’une infection, le patient doit faire l’objet
d’une surveillance étroite et le traitement par BARI
doit être temporairement interrompu si le patient ne répond
pas à un traitement standard. Le traitement par baricitinib
ne doit pas être réinstauré avant guérison
de l’infection.1
La
COVID-19 est une maladie respiratoire active, qui est généralement
bénigne mais peut également entraîner un syndrome
de détresse respiratoire aiguë pouvant être mortel.
BARI ne doit pas être utilisé en phase active de la
COVID-19 et peut être repris à la résolution de
l'infection, après avis médical.
Incidence
des infections dans les études cliniques sur baricitinib
Infections
des voies respiratoires supérieures
Les
infections des voies respiratoires supérieures ont été
des effets indésirables très fréquemment (≥10%)
rapportés dans les essais cliniques sur baricitinib dans la
polyarthrite rhumatoïde.2
Tableau
1. Infections et infections des voies respiratoires supérieures
dans les essais cliniques sur la polyarthrite rhumatoïde dans la
période contrôlée par placebo 2-4
|
Population
d’analyse issue de 7 études contrôlées
versus placebo a
(jusqu'à
la semaine 24)
|
n (TIAE)
|
Placebo
N=1215
PA=450.8
|
BARI
2 mg
N=479
PA=185.8
|
BARI
4 mg
N=1142
PA=471.8
|
Toute
infection apparue sous traitement
|
340
(75.4)
|
156
(84.0)
|
423
(89.7)
|
Infections
des voies respiratoires supérieuresb
|
184
(40.8)
|
91
(49.0)
|
224
(47.5)
|
Abréviations
: BARI = baricitinib; TIAE = taux d’incidence ajusté sur
l’exposition; PA = patient-années d'exposition.
a
La population issue de l’analyse poolée de
7 études incluait des patients atteints de PR randomisés
dans les groupes BARI 4 mg (N = 1 142, PAE = 471,8) ou placebo (N = 1
215, PAE = 450,8) provenant de 3 études de phase II et de 4
études de phase III (RA-BEAM, RA-BUILD, RA-BEACON et
RA-BALANCE). Les patients du groupe placebo ont pu recevoir du MTX en
traitement de fond ou un autre DMARD conventionnel. Les données
du groupe BARI 2 mg (N=479, PAE=185.8) sont issues de 4 de ces études
dans lesquelles les deux dosages BARI 2mg et BARI 4mg étaient
des options au cours de la randomisation.
b
Incluant sinusite aiguë, épiglottite,
laryngite, rhinopharyngite, douleur oropharyngée, pharyngite,
pharyngo-amygdalite, rhinite, sinusite, sinobronchite, angine,
trachéite, infection des voies respiratoires supérieures
Infections
graves dans les essais cliniques sur la polyarthrite rhumatoïde
La
population d’analyse regroupant les données de tous les
patients atteints de PR traités par BARI incluait 3 770
patients atteints de PR qui ont reçu des doses diverses de
BARI, dans une étude de phase I, trois études de phase
II et cinq études de phase III (RA-BEGIN, RA-BEAM, RA-BUILD,
RA-BEACON, RA-BALANCE). Les données provenaient également
d'une étude d'extension à long terme (RA-BEYOND)
comportant
des
données jusqu’au 13 février 2018, et
10
127 PA et
jusqu'à
6,9 années d'exposition.3,4
Sur
les 3 770 patients traités par BARI lors des études
cliniques dans la PR jusqu'au 13 février 2018, 283 infections
graves apparues sous traitement ont été observées,
avec un taux d’incidence ajusté sur l’exposition
(TIAE) de 2,8 pour 100 PA. Les infections graves les plus fréquentes
rapportées ont été les suivantes :
pneumonie
(n = 52, TIAE 0,5)
zona
(n = 35, TIAE 0,4)
infection
des voies urinaires (n = 21, TIAE 0,2)
cellulite
(n = 15, TIAE 0,2)
septicémie
(n = 18 dont 14 cas de septicémie et 4 cas
de sepsis urinaire) et
gastroentérite
(n = 13, TIAE 0,13).2-4
Facteurs
cliniques associés à des infections graves
Un
grand nombre de facteurs cliniques susceptibles d'influencer le
risque d'infection grave a été évalué à
l'aide de modèles de Cox et de la population d’analyse
regroupant les données de tous les patients atteints de PR
traités par BARI jusqu'au 1er janvier 2016. Les 5 facteurs de
risque indépendants identifiés de survenue d’infections
graves étaient les suivants :
une
utilisation antérieure de biothérapies
un
âge avancé
un
recrutement dans l'étude en Asie, à l'exclusion du
Japon
un
indice de masse corporelle anormal, et
une
utilisation concomitante de corticostéroïdes.5
L'augmentation
des grades de lymphopénie était associée à
une hausse de la fréquence de survenue des infections globales
et des infections graves apparues sous traitement chez les patients
traités par BARI.2
Informations
sur les infections issues du RCP
Les
infections font partie des effets indésirables rapportés
sous traitement par BARI:1
Dans
les études cliniques contrôlées versus placebo
portant sur la polyarthrite rhumatoïde, jusqu’à 16
semaines, les effets indésirables (EI) les plus fréquemment
rapportés qui sont survenus chez au moins 2 % des patients
traités par baricitinib en monothérapie ou en
association avec des DMARDs conventionnels synthétiques, ont
été l’augmentation du LDL-cholestérol
(33,6 %), les infections des voies respiratoires supérieures
(14,7 %) et les céphalées (3,8 %). Les infections
signalées avec un traitement par Olumiant comprennent le zona
(1,4 %).1
Dans
les études contrôlées dans la PR, jusqu’à
16 semaines, le taux d’incidence globale d’infections
(taux de patients ayant au moins 1 événement pour 100
patients-années d’exposition) a été de 101
avec BARI, contre 83 avec le placebo. La plupart des infections
étaient d’intensité légère à
modérée. Dans les études comprenant les deux
doses, des infections ont été rapportées chez
31,9 %, 28,8 % et 24,1 % des patients jusqu’à 16
semaines dans les groupes 4 mg, 2 mg et placebo respectivement. Les
taux de déclaration d’EI liés à une
infection pour BARI par rapport au placebo ont été :
infections des voies respiratoires supérieures (14,7 % versus
11,7 %), infections urinaires (3,4 % versus 2,7 %), gastroentérite
(1,6 % versus 0,8 %), herpès simplex (1,8 % versus 0,7
%) et zona (1,4 % versus 0,4 %). Chez les patients naïfs de tout
traitement, jusqu’à 52 semaines, la fréquence des
infections des voies respiratoires supérieures a été
plus élevée avec le traitement associant le
méthotrexate et BARI (26,0 %) qu’avec le méthotrexate
seul (22,9 %) ou BARI seul (22,0 %). Le taux d’infections
graves avec BARI (1,1 %) a été similaire à celui
observé avec le placebo (1,2 %). Les infections graves les
plus fréquentes sous BARI ont été le zona et la
cellulite. Le taux d’infections graves est resté stable
pendant une exposition à long terme. Le taux d’incidence
global des infections graves dans le programme d’études
cliniques a été de 3,2 pour 100 patients-années.1
Recommandations
des Sociétés Savantes et des Autorités de Santé
Le 2
mars 2020, les présidents de sociétés savantes,
dont la Société Française de Rhumatologie et de
Dermatologie, ont publié une lettre
adressée au Directeur général de la santé
(DGS) lui demandant « de délivrer
rapidement au niveau national, un message aux soignants qu'ils
puissent donner à leurs patients qui reçoivent
actuellement un traitement immunosuppresseur ou biologique. »6
Dans
ce courrier, en l’état actuel de la situation et des
connaissances, leur position est :
• «
de recommander de ne pas interrompre ces traitements dans un but
PREVENTIF, car cette démarche les mettrait en danger d’une
reprise évolutive de leur maladie inflammatoire chronique avec
une perte de chance, ajoutant de manière certaine un problème
supplémentaire à la crise sanitaire.
• de
discuter au cas par cas avec les médecins spécialistes
concernés de cette interruption en fonction de la pathologie
traitée et des traitements employés chez les patients
infectés et chez les patients contacts. » 6
Le
20 mars 2020, une notice
d'information sur l'épidémie de coronavirus
(COVID-19) destinée aux patients recevant un traitement
immunosuppresseur pour une maladie rhumatologique inflammatoire ou
auto-immune a été publiée sur le site Internet
de la Société Française de Rhumatologie (SFR). 7
Les
auteurs de cette notice d’information recommandent :
En
l’absence de signes d’infection COVID-19 :
• de
poursuivre le traitement du rhumatisme inflammatoire chronique
(traitements de fond biologiques ou non, corticoïdes) ;
•
En effet, l’arrêt de ce traitement risque d’entrainer
une rechute de la maladie qui fragiliserait le patient face à
l’infection ;
En
présence de signes d’infection COVID-19 : fièvre,
toux, essoufflement, douleurs musculaires :
• de
suspendre le traitement du rhumatisme inflammatoire chronique, SAUF
LES CORTICOÏDES et l’hydroxychloroquine ;
• de
contacter le médecin ou le rhumatologue pour décider de
la suite de la prise en charge, notamment de la possibilité ou
non de poursuivre certains des traitements des rhumatismes
inflammatoires chroniques dont l’utilisation est actuellement
testée dans le traitement de COVID-19 ;
Enfin,
pour tous, de suivre les recommandations générales
(distanciation sociale, gestes barrières…).7
Le 6
mars des recommandations destinées aux patients atteints de
maladies auto-immunes ou auto-inflammatoires ont été
publiées sur le site de la FAI2R (filière de santé
pour les maladies auto-immunes et auto-inflammatoires rares, financée
et pilotée par le Ministère chargé de la santé).
Ces recommandations sont alignées sur celles de la SFR.8
Le
14 mars 2020, la Direction Générale de la Santé
a publié une actualisation
des recommandations COVID-199
:
liste
des personnes à risque de développer une forme grave
d’infection à SARS-CoV-2 établie par le Haut
Comité de Santé Publique (HCSP) :
malgré
l’absence de données dans la littérature, en
raison d’un risque présumé compte-tenu des
données disponibles sur les autres infections respiratoires,
les personnes avec une immunodépression acquise
médicamenteuse (chimiothérapie anticancéreuse,
immunosuppresseur, biothérapie et/ou une corticothérapie
à dose immunosuppressive) sont également considérées
à risque ;
chez
ces patients, les « mesures barrières» et
mesures de distanciation sociale spécifiques aux personnes
fragiles doivent être observées.
les
patients sous corticoïdes ou autres immunosuppresseurs pour une
pathologie chronique ne doivent pas interrompre leur traitement,
sauf avis contraire du médecin qui les suit pour cette
pathologie.
Ces
recommandations étant susceptibles d’évoluer,
nous vous invitons à consulter régulièrement les
sites concernés.
Utilisation
clinique
Le
médecin traitant peut utiliser les informations fournies, les
antécédents médicaux du patient et les
médicaments concomitants, ainsi que d'autres facteurs
individuels, lors de la prise de décisions. Le médecin
traitant doit tenir compte des risques et des avantages potentiels
des options thérapeutiques et mettre en place un suivi
approprié.
Ressources
complémentaires concernant les maladies infectieuses
Des
informations régulièrement actualisées
concernant le coronavirus sont disponibles en ligne sur le site du
Gouvernement (https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus)
et / ou au site de l'Organisation
Mondiale de la Santé - OMS.
Indications
thérapeutiques
Baricitinib
est indiqué dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde
active modérée à sévère chez les
patients adultes qui ont présenté une réponse
inadéquate, ou une intolérance, à un ou
plusieurs traitements de fond (DMARDs). Baricitinib peut être
utilisé en monothérapie ou en association avec le
méthotrexate.1
Olumiant
est indiqué dans le traitement de la dermatite atopique
modérée à sévère de l’adulte
qui nécessite un traitement systémique.1
Baricitinib
n'est pas indiqué dans le traitement de la COVID-19.
Références
1.
Olumiant [résumé des caractéristiques du
produit]. Eli Lilly Nederland B.V., The Netherlands.
2.
Données Internes. Eli Lilly and Company et/ou l’une de
ses filiales
3.
Genovese MC, Smolen JS, Takeuchi T, et al. Safety profile of
baricitinib for the treatment of rheumatoid arthritis up to 7 years:
an updated integrated safety analysis. Ann Rheum Dis.
2019;78(2):308-309.
http://dx.doi.org/10.1136/annrheumdis-2019-eular.691
4.
Genovese MC, Smolen JS, Takeuchi T, et al. Safety profile of
baricitinib for the treatment of rheumatoid arthritis up to 7 years:
an updated integrated safety analysis. Presented as an oral
presentation at: European League Against Rheumatism (EULAR) Annual
Meeting; June 12-15, 2019; Madrid, Spain.
5.
Winthrop KL, Genovese MC, Harigai M, et al. Serious infection and
associated risk factors in patients with moderate to severe
rheumatoid arthritis treated with baricitinib [abstract OP0248]. Ann
Rheum Dis. 2017;76(suppl 2):158.
http://ard.bmj.com/content/76/Suppl_2/158.2
6.
Société Française de Rhumatologie (SFR),
Information Coronavirus - Lettre DGS, 02 mars 2020 ;
https://sfr.larhumatologie.fr/actualites
Site consulté le 06 mars 2020.
7.
Société Française de Rhumatologie (SFR),
Information sur l’épidémie de coronavirus
(COVID-19) destinée aux patients recevant un traitement
immunosuppresseur pour une maladie rhumatologique inflammatoire ou
auto-immune, 20 mars 2020 ; https://sfr.larhumatologie.fr/actualites
Site consulté le 20 mars 2020.
8.
Filière de santé des maladies auto-immunes et
auto-inflammatoires rares (FAI2R), Recommandations COVID-19 :
Patients atteints de maladies auto-immunes ou auto-inflammatoires,
mise à jour du 13 mars 2029 ;
https://www.fai2r.org/actualites/covid-19
Site consulté le 13 mars 2020.
9.
Ministère des Solidarités et de la Santé,
https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-infectieuses/coronavirus/coronavirus-PS
Site consulté le 16 mars 2020
Glossaire
BARI
= baricitinib
COVID-19
= maladie à coronavirus 2019
EI =
Effets Indésirables
OMS
= Organisation Mondiale de la Santé
PAE
= patient-années d'exposition
RA/PR
= Polyarthrite Rhumatoïde
SFR
= Société Française de Rhumatologie
TIAE = Taux
d’incidence ajusté sur l’exposition